Histoire de la Réunion

 

Née il y a environ 3 millions d'années à 250 kilomètres au sud est de l'île Maurice la Réunion, issue d'un volcan de type Hawaïen effusif, émerge d'un épais nuage de fumée qui pointe à la surface de l'Océan Indien alors que l'homme vient à peine de naître. Elle s'est constituée de deux volcans successifs. Le piton des Neiges (3069m) le plus ancien qui a cessé son activité il y a environ 20.000 ans, et le second, Le Piton de la Fournaise (2631m) né il y a 500.000 ans toujours en activité. S'ils sont très semblables, leurs différences actuelles sont dues à l'âge. Le Piton des Neiges s'est plusieurs fois effondré sur lui même et des fissures et caldeiras se sont creusées en cirques et vallées. Le Piton de la fournaise, plus jeune, n'est qu'au début de son évolution et les failles de la Rivière de l'Est ou de la Rivière des Remparts sont probablement l'ébauche de futurs cirques. Au cours de ses transformations le Piton des Neiges possédait 4 cirques dont celui de Bélouve (devenu un plateau, comblé par les éruptions du Piton de la Fournaise).

l'île est bientôt colonisée par les plantes de trois manières différentes :

Les courants marins qui ont véhiculé des graines flottantes depuis Madagascar et l'Afrique à l'occasion de cyclones, et essentiellement depuis l'Australie et l'Indonésie d'où proviennent les courants dominants.

Les alizés venant du sud-est , cyclones ayant transité par Madagascar et la côte Africaine pouvant transporter des graines assez lourdes.

Les oiseaux et chauve-souris, volontairement ou poussés par une tempête, pouvaient rapporter des graines accrochées à leurs pattes.

Ensuite l'homme introduisit de nouvelles plantes et animaux ce qui changea radicalement la flore d'origine et provoqua la disparition de nombreuses espèces. 

Il est probable que la plus grande partie de l'île était assez boisée en dehors des zones de coulées de laves et les zones de haute altitude avant la colonisation par l'homme. Puis le défrichage augmenté au fil des siècles pour raisons de culture agricole, urbanisation et construction. De plus l'homme a importé de nombreuses plantes qui ont colonisé l'île et éradiqué beaucoup d'espèces locales. Tout cela pour aboutir à la destruction quasi totale de la végétation marécageuse littorale, de la savane et de la forêt sèche. La forêt humide de basse altitude est très attaquée, ainsi que la forêt de moyenne altitude sous l'action conjuguée du géranium, de la canne à sucre et des plantations de filaos, d'eucalyptus, et de cryptomerias. Seule la forêt humide montagnarde protégée par l'altitude, les fortes pentes et la pauvreté des sols, résiste tant bien que mal devant l'élevage et les défrichements agricoles. Plusieurs mesures ont été prises pour protéger ce patrimoine mais la démographie, le tourisme et les incendies sont une menace permanente.

Les Mascareignes n'existaient que pour les Arabes. Elles n'étaient sur aucune route maritimes et on suppose qu'elles ont pu être découvertes par hasard. Aucune trace cependant ne permet d'affirmer qu'ils s'y seraient installés durablement. Il n'y avait de toutes façons aucune richesse à collecter et aucun habitant avec qui négocier. Comme beaucoup d'îles les Mascareignes étaient désertes et donc peu connues sauf au travers de quelques légendes. Un vieux plan de l'Océan Indien, dessiné avant que les Portugais ne l'explorent signalent Maurice, Rodrigue et La Réunion (dénommée Dina Moghrabine, l'île de l'ouest) à leurs emplacement actuels. C'est entre 1507 et 1512 que La Réunion est aperçue par les Portugais qui la baptisent Santa Apollonia, car découverte un 9 Février, le jour de la Sainte Apolline. Cependant le temps de l'occupation humaine est encore loin.

C'est en 1638 que les Hollandais prennent possession de l'île Maurice (île du milieu) qu'ils baptisent ainsi en hommage au prince Maurice de Nassau et presque simultanément, les Français Baptisent quand à eux La Réunion, l'île Bourbon (île de l'ouest) en hommage au roi.. Seuls les Hollandais implantent une petite colonie d'hommes destinée essentiellement à piller les forêts, les Français sont trop occupés par Madagascar qui est un gouffre où meurent hommes et projets. C'est finalement l'échec de Madagascar qui redonne sa chance à l'île Bourbon. Deux groupes de mutins y sont exilés de 1646 à 1649 et de 1654 à 1657. Ils repartent en pleine forme et émerveillés par une île qu'ils décrivent paradisiaque. Le séjour de deux volontaires et quelques Malgaches entre 1663 et 1665 est un prélude à la véritable colonisation qui commence en 1665, soit 150 années après sa découverte, avec 20 personnes qui s'installent sur la côte ouest dans la région de Saint-Paul. Sous l'influence des décideurs en métropole les colons se lancent dans une spéculation, s'enrichissent pendant une cinquantaine d'année puis les pays concurrents se lancent dans la même production (café, girofle, plantes à parfum, vanille...). Les cours chutent, c'est la ruine et il faut trouver autre chose. Ignorant de ce cycle maudit, les directeurs de la puissante Compagnie des Indes Orientales qui supervise le destin de Bourbon (et bientôt Maurice abandonnée par les Hollandais et devenue Française en 1721 sous le nom de l'île de France) bousculent les colons pour qu'ils produisent plus et plus vite. Or pour produire plus il faut des bras et l'esclavage s'installe. Pendant plus de 150 ans il laissera des cicatrices graves dans la jeune société de l'île.

La société coloniale de Bourbon au temps de l'esclavage est très hiérarchisée. Cette hiérarchie survivra en partie à l'abolition et durera jusqu'au début du 20ème siècle. Aujourd'hui elle est estompée par les nouvelles immigrations et le métissage des classes moyennes mais il reste des séquelles de la vielle fracture, 150 ans après. La pyramide sociale du temps de l'esclavage culmine chez les grands blancs, propriétaires de vastes terres descendants des premiers colons ou d'immigrants plus récents et plus riches. Viennent ensuite les chefs de culture, capitaines de  propriétés entières et en ville, les notaires, avocats et autres notables. Les professeurs de l'unique lycée pour garçons jouissent aussi d'un statut privilégié mais pas des revenus. Les classes intermédiaires sont aussi nombreuses que diverses. Les plus aisées sont celles des négociants en tous genres, des médecins puis ensuite plus bas les nombreux ouvriers et artisans. Plus on descend de l'échelle et plus les nuances de peau sont mêlées. Les "libres de couleur" se font de plus en plus nombreux, plus on avance dans le 18ème siècle. Esclaves (souvent des femmes) ils ont souvent manifesté leur dévouement à un maître qui au soir de leur vie ou de la sienne leur a offert la liberté, suprême cadeau. Plus difficiles à classer, les petits blancs. ils se sont appauvris de génération en génération et souvent ne possèdent plus rien. Tout au bas de l'échelle sociale, les esclaves, corvéables à merci mais que les lois sociales défendent de plus en plus au fur et à mesure que passent les années. A partir de 1820-30 il sera interdit d'en "importer" de nouveaux et le 20 décembre 1848 ils seront tous libérés sans révolte. Ils étaient à cette date 62000 pour 20000 libres, blancs essentiellement. A Saint-Leu, capitale du café on avait compté 10 esclaves pour un libre à la grande époque.

On compte peu de révoltes d'esclaves dans l'histoire de La Réunion. Est-ce parce qu'ils étaient mieux traités qu'aux Caraïbes ? Où parce que les forêts et montagnes leur offraient dans la fuite une autre forme d'insoumission ? Le marronnage a commencé fort tôt. Des compagnons Malgaches de la 3ème vague de colonisation en 1663 avaient fui dans la montagne. L'officialisation de l'esclavage amplifia le phénomène et en 1730 on estimait déjà à plusieurs centaines le nombre de marrons. Le gouverneur Labourdonnais créa des milices afin de détruire les camps et capturer les fugitifs. La question était d'autant plus urgente car certaines bandes de marrons organisaient des pillages sur des maisons isolées et fait plusieurs fois couler le sang. Commença alors une guérilla qui devait durer 75 ans jusqu'à un adoucissement des mœurs. Des chasseurs très particuliers écumaient la montagne pour capturer les fugitifs morts ou vifs.

En 1848 les grands colons et privilégiés Réunionnais ont peur de l'abolition. En fait les anciens esclaves continuent de travailler ou disparaissent dans les forêts ou dans la périphérie des villes où les épidémies feront d'eux des victimes. Pour les remplacer on importe un grand nombre de travailleurs engagés, libres, venus de Madagascar, d'Afrique puis de plus en plus de l'Inde. La canne à sucre, culture en vogue nécessite de plus en plus de main d'œuvre. Des épidémies graves et le paludisme déciment une partie de la population. 14000 volontaires Réunionnais combattront pour la grande guerre. Alors qu'en 1848 moins de 5% de la population était composée de libres de couleur, une forte majorité de Réunionnais sont métis 100 ans plus tard, preuve que les vieux clivages ont été effacés par les lois de l'amour dans la plus grande partie de la société. Aujourd'hui la Réunion abrite une des sociétés les plus métissées du monde.

Les ancêtres Réunionnais viennent de France et d'Europe, de l'Afrique occidentale, Madagascar, Comores. La majorité des Européens étaient  chrétiens, les Africains et Malgaches ont été Christianisés d'office. Se sont ajoutés à ces vagues anciennes les engagés d'inde du sud, hindouistes ayant en partie gardé leur religion d'origine (la majorité fortement christianisée). Il y a moins de 100 ans, d'autres Indiens du nord ouest de l'Inde, musulmans et des Chinois Taoïstes qui se sont christianisés et conservent surtout des coutumes Chinoises. Enfin dans la seconde moitié du XXe siècle de nombreux Français de métropole (Zoreilles) suivis de Mahorais et Comoriens ainsi que quelques Siamois, Aborigènes Australiens, Soudanais, Rodriguais et Mozambicains arrivés pendant les années troubles de la fin de l'esclavage. Tout ceci en fait un des peuples les plus mêlés du monde où cohabitent trois grandes religions. Assez rare pour être souligné.

 

VISAGES DE LA REUNION

 

Toute une famille en excursion dominicale au volcan

 

Soleil y pouack !

 

 

 

Les enfants Réunionnais, symboles du mélange des cultures

 

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